Diesel, réunion de crise à Bercy

Lundi 11 mars 2019 – Cette réunion n’est pas prévue de longue date, mais la crise de la motorisation diesel sur toutes les lèvres depuis des mois oblige à prendre des mesures. Un peu dans l’urgence, le gouvernement cherche des pistes alors que depuis des années, les constructeurs font des efforts énormes pour réduire l’impact écologique du gazole, qui était jusqu’il y a peu prédominant en Europe. Ceux qui se sont rendus au salon de l’Automobile de Genève ont pu percevoir une grande inquiétude économique associée au développement tous azimuts des voitures électriques.

Bruno Le Maire, lors de la promotion du véhicule autonome en mai 2018. © photo J.Y.Kerbrat

Le patron de PSA Carlos Tavarés s’est exprimé la semaine dernière à Genève, mais en visionnaire d’un secteur qu’il connait parfaitement, il avait fait, en septembre 2017 au salon de Francfort une déclaration prémonitoire « Le diesel a gagné la bataille technologique, mais perdu la bataille politique. » Et de poursuivre « Le monde est fou. Le fait que les autorités nous ordonnent d’aller dans une direction technologique, celle du véhicule électrique, est un gros tournant. Je ne voudrais pas que dans 30 ans on découvre quelque chose qui n’est pas aussi beau que ça en a l’air, sur le recyclage des batteries, l’utilisation des matières rares de la planète, sur les émissions électromagnétiques de la batterie en situation de recharge ? ». Et de rappeler que les principaux producteurs de batteries au monde sont chinois …

Carlos Tavarés « Le monde est fou » … ici au salon de Francfort 2017 © photo J.Y.Kerbrat

Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des chemins et l’heure des décisions stratégiques. Le gouvernement français, prompt aux décisions écologiques radicales, a pris peur devant la possibilité d’un tsunami économique, bien avant celui écologique. En effet, la filière du diesel rassemble en France 37500 salariés et certains prédisent la perte de 10000 à 15000 emplois dont 5500 menacés à court terme. Dans les couloirs du ministère, on entend ces explications « « Il s’agit de voir comment accompagner les entreprises dans la reconversion de leurs sites, évaluer les compétences dont elles auront besoin, mais aussi préparer le futur avec les infrastructures nécessaires au véhicule du futur, par exemple. Ainsi, nous devons mieux articuler la transformation de la filière industrielle automobile ». Comme si les industriels ne savaient pas gérer leurs technologies avec leurs bureaux d’études.

Luc Chatel, au centre, avec Patrick Cholton (FFC) et Jean-Dominique Senard, nouveau président de Renault (ici en 2017, dirigeant de Michelin lors du salon Solutrans à Lyon) © photo Francis Mainard

« Il faudrait prendre en compte les évolutions survenues depuis 2016, comme la baisse des ventes des véhicules diesel ou l’impact des nouvelles technologiques dans les nouvelles motorisations… avant de fixer et imposer un calendrier » prévient Luc Chatel ancien ministre, à la tête de la PFA (Plateforme automobile) dans les Echos (11.02). En même temps, on ne peut que constater le recul inexorable du Diesel plébiscité durant si longtemps et injustement matraqué aujourd’hui. De 70% des ventes, il y a encore 10 ans, elles sont aujourd’hui à moins de 40%. Le recul va se poursuivre. Selon Luc Chatel, la dynamique des marchés automobiles a atténué les effets de cette mutation, mais cette dynamique ne durera pas. Il ajoute « D’autant que nous n’avons pas, en Europe, une filière capable de produire les batteries dont l’électrique aura besoin ».

Lors de la conférence, Bruno Le Maire a appelé à « la mobilisation générale pour accompagner les évolutions de la filière automobile ». Cette dernière fait face à une révolution sans précédent en raison des objectifs ambitieux fixés au niveau européen pour réussir la transition écologique et énergétique.

Conjointement avec l’ensemble des participants, un plan d’action a été décidé :

Un chef de projet sera désigné au sein du ministère de l’Economie et des Finances dans les quinze jours.

Lundi 11 mars, les participants étaient:

Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts de France

François Bonneau, président du Conseil régional du Centre-Val de Loire

Carole Delga, présidente du Conseil régional d’Occitanie

Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté

Christelle Morencais, présidente du Conseil régional des Pays de la Loire

Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle Aquitaine

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

Gabriel Artero, président de CFE-CGC Métallurgie

Stéphane Destugues, secrétaire général de la Fédération générale des mines et de la métallurgie de la CFDT (FGMM-CFDT)

Albert Fiyoh N’gnato, membre du Bureau de la CFTC Métallurgie

Frédéric Homez, secrétaire général de FO Métaux

Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA)

Philippe Darmayan, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM)

Christian Peugeot, président du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA)

Jacques Aschenbroich, président-directeur général de Valeo

Laurent Burelle, président-directeur général de Plastic Omnium

Laurent Fabre, directeur des affaires publiques de PSA

Didier Gambart, président de Toyota France

Gaspar Gascon, directeur adjoint de l’Ingénierie, vice-président du comité exécutif de Renault

Patrick Koller, président-directeur général de Faurecia

Florent Menegaux, directeur général de Michelin

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